#IbukaStories : aider les jeunes aspirants entrepreneurs à se lancer et se développer.

Ibuka Ndjoli
6 min readJan 28, 2018
Credits : Pixabay

Lorsque j’étais élève et étudiant, j’avais une faculté qui manquait à nombre de mes camarades : j’apprenais vite et je pouvais bavarder avec les autres élèves ou étudiants sans rien perdre des explications des professeurs. Cela donnait l’impression que j’étais une sorte de génie qui n’avait pas besoin de bûcher ses cours pour avoir de bonnes notes, donc réussir. Par conséquent, j’étais devenu celui vers lequel se tourner pour avoir de meilleures explications des cours.

C’est ainsi, s’il faut retourner à la genèse, que s’est développé en moi l’amour du partage. J’aimais aider mes camarades de l’époque. J’aimais simplifier les cours et explications des professeurs pour les rendre plus digestes pour eux. J’étais heureux lorsque 100% des élèves ou étudiants avaient la moyenne. Et je ne m’en glorifiais pas pour autant, car je ne voyais pas de raisons de le faire.

Cet amour du partage m’a suivi dans le monde de l’entrepreneuriat. Quoique je ne me pense pas avoir la science infuse, mon expérience de ce monde ainsi que tout ce que j’ai appris de mes lectures, mes recherches, des entrepreneurs que j’ai côtoyés ou suivis, me permettent d’aider ceux qui peinent à craquer le code de l’entrepreneuriat, parce qu’on a compliqué les choses pour que seuls quelques élus, habituellement des crânes brûlés, ne parviennent à le faire.

J’ai l’habitude de dire que j’ai commis pratiquement toutes les erreurs que l’on peut commettre lorsqu’on se lance dans le monde de l’entrepreneuriat. Tout ce dont je parle sur ce blog, tout ce contre quoi je mets en garde, est soit tiré de mon expérience personnelle ou de celles de gens qui ont été confrontés à ces choses. Je pense qu’un bien n’est agréable que si on le partage. C’est ce sur quoi a été créé ce blog et ce qui continue de m’animer et me pousser à écrire.

Au Forum des Jeunes Espoirs d’Afrique en 2013, face à une audience de jeunes africains.

Entreprendre est certes difficile, selon les problèmes auxquels l’on s’attaque, mais j’ai parfois l’impression que les gens ne font pas d’efforts pour simplifier les choses pour les nouveaux venus. Regardez autour de vous : pratiquement tout est simplifié pour les natifs des années 2000. Ils ne vivent pas les galères que nous avons vécues autrefois, ce qui est très bien, car leurs propres galères les attendent. Mais cela n’est hélas pas le cas dans le monde entrepreneurial.

Les aspirants entrepreneurs se retrouvent parfois face aux mêmes obstacles qu’ont rencontrés leurs prédécesseurs. On les regarde commettre les mêmes erreurs, se casser la gueule de la même façon, sans jamais leur dire qu’il y a des techniques pour éviter de passer par tout ce calvaire. A mon sens, cela est injuste. Les pionniers ont la responsabilité de baliser le chemin pour ceux qui viennent après eux. Ils se doivent d’être des tremplins pour ces derniers.

Mais que voit-on aujourd’hui? Des conférences où l’on parle de tout sauf de l’essentiel, c’est-à-dire ce dont ont véritablement besoins les jeunes aspirants entrepreneurs; des formations où l’on forme en tout sauf en la pratique des choses qui leur permettront de faire décoller leur affaire. Il y a un business qui s’est créé autour de l’accompagnement des entrepreneurs. Et des structures et personnes s’y enrichissent au détriment de ceux qu’ils sont supposés aider.

Entre 2014 et 2016, j’ai donné une trentaine de conférences dans de grandes écoles, des lycées, lors d’événements divers, sur l’entrepreneuriat. J’ai animé autant sinon plus de panels toujours liés à l’entrepreneuriat. Il m’est même arrivé d’être sollicité pour des formations en entrepreneuriat. Mais j’ai décidé d’arrêter tout cela car cela ne servait à rien. Nous faisions semblant d’aider les aspirants entrepreneurs, mais nous ne les aidions pas. Nous étoffions nos CV, gagnions en renommée, mais n’accomplissions pas ce qui nous était demandé.

Conférences & panels entre 2014 et 2016

L’entrepreneuriat, comme la natation ou l’écriture, est une pratique. Cela veut dire qu’on ne peut pas apprendre à entreprendre en un seul jour, ni en 3 jours, encore moins en demeurant enfermé dans une salle à écouter une personne, fût-elle la plus brillante au monde, nous dire comment s’y prendre. La seule manière d’apprendre à entreprendre, à nager ou à écrire, c’est en passant à l’action. Toutes les conférences, formations qui sont faites en ce sens sous nos cieux sont inutiles. Il faudrait changer ce modèle si l’on veut vraiment aider.

Je pense que la meilleure manière d’aider, donc d’accompagner les aspirants entrepreneurs, est en les écoutant et en répondant de manière spécifique aux questions qu’ils se posent et leur apportant les outils dont ils ont besoin pour leur projet ou leur business spécifique. Il faut garder à l’esprit que ces gens ne s’attaquent pas aux mêmes marchés, n’ont pas les mêmes cibles et ne font pas face aux mêmes difficultés. Un accompagnement qui n’est pas personnalisé ne leur sera d’aucune utilité. Il faudrait les accompagner de manière individuelle.

Avant qu’on ne m’attaque avec la question : “qu’est-ce que tu fais pour changer cela?”, laissez-moi prendre de l’avance. Je n’ai encore rien fait dans ce sens, mais je prévois de le faire, car l’accompagnement des aspirants entrepreneurs est une chose qui m’importe beaucoup. Cela dit, j’ai tout de même mis cette approche en pratique en étant mentor pour une centaine d’entrepreneurs qui concourraient pour le célèbre prix African Entrepreneurship Award (AEA).

Il n’était pas question de faire des discours sur l’entrepreneuriat, mais d’aider ces aspirants entrepreneurs et entrepreneurs de manière pratique et efficace. L’impact était réel, car tout ce que nous disions pouvait être mis en pratique et évalué. Il n’y avait pas de place pour du bullshit. Voilà ce qu’est accompagner selon moi. C’est la raison pour laquelle je salue ce que fait Mentorat Club.

Je me refusais de parler publiquement de cette belle expérience pour deux raisons : premièrement : ne pas être considéré coach/formateur et être appelé à former des aspirants entrepreneurs à l’ancienne méthode; deuxièmement : que le fait de parler de cette expérience laisse penser que je suis en quête de quelque légitimité. Le plus important était d’aider, de partager, pas l’après.

Certificat délivré par l’African Entrepreneurship Award pour le mentoring apporté aux entrepreneurs en 2017.

J’écris ce billet parce que cela me désole de voir la manière dont sont exploités les aspirants entrepreneurs. L’on profite de leur envie de réussite. L’on se joue d’eux et de leur naïveté. Certes, tout le monde n’est pas fait pour entreprendre et réussir, comme tout le monde n’est pas fait pour être champion de natation, mais certains sont faits pour cela. Malheureusement, ceux-là se retrouvent à subir les mêmes choses que les autres, parce que des gens ont vu en eux et en leur soif de réussite une source sûre de revenus. Il faudrait que cela cesse.

J’ai eu une première expérience satisfaisante du modèle dont j’ai parlé plus haut, je compte bien répéter ce modèle afin de véritablement aider les jeunes aspirants entrepreneurs à se lancer et se développer. Il est vrai qu’avec mes différentes activités, cela risque d’être compliqué, mais c’est une chose que je veux vraiment faire et je le ferai. Je vous en dirai un peu plus une autre fois.

Je suis Ibuka Ndjoli, auteur, marketeur et entrepreneur africain, fondateur d’une start-up appelée Kusoma Group, qui permet aux éditeurs et auteurs de livres africains de vendre simplement leurs livres aux lecteurs du monde. J’ai lancé la série #IbukaStories pour partager mes réflexions, ce que je vis, ce que je projette et quelques écrits de fiction. Je suis plus ou moins bavard sur Twitter. Suivez-moi => @ibukandjoli

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Ibuka Ndjoli

Author of 6 books | Founder of @kusomagroup | Passionate about Online Business, Education and Digital Marketing. I share my journey on https://ibukasharing.com